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Halloween fiction: Trick or Treat / Mauvais tour ou gâterie

Une microfiction / A flashfiction


Image by Nur Fajar from Pixabay

Les ombres de l’esprit 9: Mauvais tour ou gâterie (vf)

Une micro fiction d'Halloween de A.B. Alabee


Quand j’étais petite, je parlais à la lune et discutais avec les ombres de mes rêves qui m’apparaissaient durant mon éveil. J’ai vite compris que la lune ne me répondrait pas, mais je continuais à lui demander son avis si je devais prendre une décision importante. Quant aux ombres de mes rêves, elles ont cessé de me rendre visite au cours de mon adolescence. Je les vois toujours dans mes songes et parfois du coin de l’œil lorsque je vaque à mes besognes quotidiennes, mais elles disparaissent dès que je me tourne vers elles.


Je devrais dire qu’elles disparaissaient, car, la semaine dernière, alors que j’éteignais la lumière pour m’endormir, une silhouette indistincte ne s’est dissipée qu’après que j’ai focalisé mon attention sur elle. Depuis, à la même heure, la figure sombre est revenue et a pris une forme de plus en plus reconnaissable dans le coin de ma chambre.


D’abord, une tête, puis des épaules imposantes se sont définies dans la masse obscure. Une longue cape a suivi. Hier soir, une manche pointue s’est ouverte vers la droite et une blanche main décharnée est sortie de la djellaba aussi noire qu’une nuit sans lune.

Ce soir, je n’éteins pas la lumière et fixe le coin de ma chambre. Ma tentative se solde par un échec puisque j’aperçois une ombre à la périphérie de ma vision. Je frémis, mon cœur tressaille dans ma poitrine. Contre ma volonté, je me tourne vers la porte. L’ombre s’y tient, un bâton à la main, une faux scintillante au-dessus de la tête. Je n’ai vu cette ombre dans mes rêves que quatre fois durant ma vie : juste avant la mort de mon grand-père, de ma grand-tante, de ma tante et de mon père. Elle ne m’a jamais parlé, elle ne m’est jamais apparue pendant mon éveil.


Je n’ai qu’à attendre quelques secondes et elle disparaîtra, mais elle glisse vers le coin de ma chambre et frappe le plancher de son bâton. Le bois résonne tandis que des ondes circulaires se propagent sur toutes les surfaces. Je me recroqueville à la tête du lit pour retarder l’inévitable, mais la vague roule sur mon édredon satiné et percute mes orteils. Elle remonte mes jambes, laissant derrière un engourdissement paralysant. Mon cœur ralentit, mon esprit s’alourdit. Je vais sombrer lorsque mes souvenirs d’enfance me reviennent : je ne craignais pas les ombres de mes rêves, car je leur parlais.


Je risque le tout pour le tout :

— Qui êtes-vous ?


Depuis hier, je me doute bien que c’est la Camarde.


En guise de réponse, elle pointe du doigt vers moi, puis le plie pour que je m’approche d’elle. Je ne peux résister à son appel. Alors que mes pas me conduisent vers elle, mon cœur palpite de terreur, mais je vide mon esprit pour rester stoïque.


Je m’immobilise à mi-chemin, hors de portée de sa faux :

— Revenez plus tard… dans 50 ans peut-être…


Elle agite ses doigts cliquetant avec insistance. Ma volonté s’effrite, j’avance et touche ses os glacés. Je suis alors projetée dans l’autre coin de ma chambre. Après un vol parabolique, je m’écrase sur le parquet frais et me recroqueville au sol.


L’ombre s’évanouit.


L’espace frémit et je me retrouve dans un cube blanc brillant. Un lit suspendu au mur s’allonge jusqu’au milieu de la pièce.


Je me déplie, mes jointures craquent et résistent. Posant la main sur la paroi lumineuse, j’étouffe une plainte navrante en la voyant décharnée, livide et tachetée de marques brunes. La porte glisse en un bruissement sourd et je retombe sur mon derrière en fixant mon sosie qui entre dans la chambre. Ses boucles folles forment une auréole noire autour de son visage trop maquillé à mon goût avec ses lèvres écarlates, ses joues fuchsia et ses paupières rose bonbon. Sa robe de tissu rouge chatoyant couvre à peine ses longues cuisses et ses bras.


J’essaie de parler, mais mon sosie se précipite vers moi en s’écriant :

— Mamie ! Attends, je vais t’aider !


Mon regard passe de mon sosie à ma main, puis revient se plonger dans celui, bleu clair, de mon sosie qui me soulève sans effort et me soutient jusqu’au lit en me rassurant que tout ira bien. Elle relève mes jambes maigrelettes et me borde avec une couverture soyeuse.


— As-tu mal ? Voudrais-tu un analgésique ?


Trop choquée pour parler, je secoue lentement la tête. Elle me sourit en ajustant l’oreiller moelleux derrière mon dos.


Mais qui est-elle ?

Ma pensée s’échappe dans un son rauque que je ne reconnais pas.


Elle se redresse en fronçant les sourcils.

— Oh ! Non ! Nous croyions que tu étais finalement guérie.


J’avale ma salive quasi inexistante avant de la questionner :

— Nous ? Guérie de quoi ? Et… qui es-tu ?

— Commençons par le commencement. Je suis ta petite fille, Elsbeth. Maman m’a donné ton nom.


Je me tends :

— Tu mens, ma fille Carine n’a que seize ans.


Elle secoue la main :

— Non, je t’assure que c’est vrai. Maman a continué tes recherches sur le cerveau et moi aussi pour trouver un moyen de te sortir de ton enchevêtrement mental. Au début du traitement, tu ne te souvenais de nous que pendant quelques heures, puis il y a deux semaines, tu te rappelais toute ta vie avant et depuis l’accident. Malheureusement, ce matin, c’est le retour à la case de départ.

— Je n’ai pas oublié mon passé, c’est mon présent qui m’est complètement inconnu. Quel accident ?

— Tu nettoyais la fenêtre de ta chambre et tu es tombé. Il t’a fallu des mois pour t’en remettre et, peu après, tu as commencé à perdre ta mémoire à court terme, puis tes souvenirs de ton passé se sont effacés à leur tour.

— Quand l’accident est-il survenu ?

— Il y a 50 ans jour pour jour, le soir du 31 octobre 2023. Maman n’a jamais compris pourquoi tu avais décidé de nettoyer la fenêtre.


Du coin de l’œil, j’aperçois une ombre contre le mur immaculé. J’y focalise mon attention. Les épaules de la Camarde se secouent de soubresauts moqueurs.


Je t’ai bien eu, Camarde, je vis toujours!


Joyeuse Halloween à tous!

 

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Shadows of the Mind 9: Trick or treat? (ev)

A Flashfiction by A.B. Alabee


When I was little, I used to talk to the moon. I also held long conversations with my dream’s shadows visiting me during the day. I soon realized that the moon wouldn’t answer me. However, I kept asking for her opinion if I had to make an important decision. As for the shadows of my dreams, they stopped appearing during my teenage years. I always see them in my dreams and sometimes out of the corner of my eye when I go about my daily chores, but they disappear as soon as I turn to them.


I should say they were disappearing, because last week, as I was switching off the light to sleep, an indistinct shadow only dissipated after I focused my attention on it. Since, and at the same time, the ghostly figure has returned and taken on an increasingly recognizable form in the corner of my room. First, a head, then imposing shoulders defined themselves in the darkness. A long cape followed. Last night, a pointed sleeve opened to the right and a gaunt white hand came out of the robe as black as a moonless sky.


Tonight, I haven’t switched off the light and stare at the corner of my room. My attempt fails as a shadow emerges at the periphery of my vision. I shudder; my heart throbs in my chest. Against my will, I turn to the door. The shadow stands there, a stick in his hand, a scythe glittering above his head. I have only seen this shadow in my dreams four times in my life: just before my grandfather, my great-aunt, my aunt and my father died. He never spoke to me; he never appeared to me during the day.


I must simply wait a few seconds and he’ll disappear. However, he slides to the corner of my room and hits the floor with his stick. The wood resonates as circular waves propagate across all surfaces. I curl up at the head of the bed to delay the inevitable, but the wave rolls over my satin comforter and reaches my toes. It runs along my legs, leaving behind a paralysing numbness. My heart slows down, my mind becomes heavier. I’m about to slip away when my childhood memories return: I wasn’t afraid of my dream’s shadows because I was talking to them.


Let’s try it:

“Who are you?”

Since yesterday, I suspect that he’s the Grim Reaper.


In response, he points his finger at me and then folds it, gesturing me to approach. I can’t resist his call. As my steps lead me towards him, my heart throbs in terror, but I clear my mind to remain stoic.


I stop halfway, out of reach of his scythe:

“Come back later… Maybe in 50 years…”


Insisting, he waves his rattling fingers. My will crumbles, I move forward and touch his icy bones. On contact, I’m thrown into the other corner of my room. After a parabolic flight, I crash into the cool wooden floor and curl up.


The shadow fades.


The space glitches and I find myself in a bright white cube. A bed suspended from the wall extends to the middle of the room.


I unfold. My knuckles crack and resist. Placing my hand on the luminous wall, I stifle a heartbreaking moan when I notice it so emaciated. Its sheer livid skin is speckled with brown spots. The door slides in a muffled swoosh and I fall back on my backside as I see my double enter the room. Her crazy curls form a black halo around her face coloured by too much make-up for my taste with her scarlet lips, fuchsia cheeks and candy pink eyelids. Her gown of shimmering red fabric barely covers her long thighs and arms.


I try to speak, but my double rushes towards me and shouts:

“Granny! Wait, I’ll help you!”


My gaze shifts from my double to my hand, then back to the light-blue eyes of my double who lifts me effortlessly and supports me to the bed, reassuring me that everything will be okay. She covers me, and my skinny legs, with a silky blanket.

“Are you hurt? Would you like a painkiller?”


Too shocked to speak, I slowly shake my head. She smiled at me as she adjusted the soft pillow behind my back.

But who is she?

My thoughts escape in a hoarse sound that I don’t recognize.


She straightens up, frowning.

“Oh! No! We believed you were finally healed.”


I swallow my almost non-existent saliva before questioning her:

“We? Cured of what? And… Who are you?”

“Let’s start from the beginning. I am your granddaughter, Elsbeth. Mum named me after you.”


I tense up:

“You’re lying, my daughter Carine is only sixteen years old.”


She shakes her hand:

“No, I assure you it’s true. Mum continued your brain research and so did I to find a way to get you out of your mental entanglement. At the beginning of the treatment, you only remembered us for a few hours, and then two weeks ago, you could recall your whole life before and since the accident. Unfortunately, this morning, we’re back to square one.

“I haven’t forgotten my past, it is my present which is completely unknown to me. What accident?

“You were cleaning your bedroom window and you fell. It took you months to recover, and soon after, you started losing your short-term memory, then your past faded as well.

“When did the accident happen?”

“Fifty years ago, to the day, on the evening of October 31, 2023. Mum never understood why you decided to clean your window.”


Out of the corner of my eye, I see a shadow against the immaculate wall. I focus my attention on it. The Grim Reaper’s shoulders jerk mockingly.


The trick is on you, Reaper. I'm still alive.


Happy Halloween to all!


 

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Have a great week!



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