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An unpublished scene / Une scène inédite
La semaine dernière, je pensais à Noël et aux fictions festives que je devrai préparer d’ici la fin de l’année. Cette semaine, un prélude à la saison des fêtes devient les prémisses d’une histoire de SF qui mijote dans mon esprit.
Olgar 365 : Thanksgiving
une scène inédite par A.B. Alabee
Le martèlement et les grincements cessent. Les tremblements du sol s’atténuent puis meurent. Le hurlement permanent du vent qui souffle sur le désert de sable marine persiste derrière le champ de force. Dans notre tour résidentielle, loin au-dessus des mines, nous attendons le tintement des cloches qui annonce le début des célébrations. Ma tante Jay, son partenaire Hank et leurs trois adolescentes discutent près du foyer plasmique. En fait, Hank parle et elles écoutent. Face à la baie vitrée, mon grand-père observe nos mines. Le long des larges routes et des tranchées profondes, l’équipement lourd reste immobile, les grues courbées, toutes les lumières scintillent comme celles d’un arbre de Noël des temps anciens sur Terre.
Grand-papa pivote en même temps que le carillon résonne. Dans son visage buriné, sous ses épaisses boucles blanches, ses yeux vert sombre balaient la pièce avant de se poser sur moi. Ses traits se détendent et ses lèvres dessinent un sourire rempli de nostalgie. Cette année, le jour de mon vingt et unième anniversaire, je deviendrai son apprenti. Ma famille mine cette planète depuis deux cents ans. Aujourd’hui, nous rendons grâce à nos ancêtres pour l’abondance géologique qu’ils ont découvert dans les profondeurs de ce monde primitif. Sa richesse en minerais et en métaux rares a assuré la survie de la race humaine de la Terre.
Il lève son verre et nous tendons nos flûtes de cristal ciselé vers lui. Le champagne rosé de Belvoir libère ses bulles dans des pétillements doux en attendant son discours annuel du souvenir :
« Aujourd’hui, nous rendons grâce à nos ancêtres pour la fortune qu’ils ont apportée à notre fami— . »
Son dernier mot meurt dans un souffle ensanglanté alors qu’une flèche pénètre dans sa poitrine et le cloue au cadre de la fenêtre. Les filles crient tandis que Hank se cache derrière elles en les tirant de l’autre côté du foyer plasmique. Je bondis vers grand-père. Un bout de papier se trouve attaché à la flèche. Mes mains tremblent, mais je parviens à maîtriser leurs contractures pour dérouler le message sans le déchirer. Les points et les lignes soigneusement dessinés en rangées serrées déclenchent le traducteur universel de mon implant oculaire :
« Quand les cercles sont apparus dans le ciel, nous avons accueilli les visiteurs des étoiles. Nous leur avons montré les beautés de notre planète, nous avons partagé notre quotidien. Quand ils ont commencé à massacrer notre peuple, nous nous sommes cachés sous terre. Ils ont continué à nous persécuter. Nous avons disparu et ils pensaient qu’ils nous avaient exterminés. Quand nous sommes sortis de nouveau, ces envahisseurs avaient détruit notre monde. Le jour du jugement est arrivé. »
Perplexe et engourdi, je regarde la femme encagoulée qui nous menace d’une flèche. Son long arc scintille contre son sombre costume ajusté. Elle s’approche de moi en enjambées souples. Je m’éloigne, le dos contre la fenêtre, mais elle attrape mon poignet d’une poigne de fer. Je frissonne lorsque sa douce peau pâle touche la mienne et les taches marines sur ses doigts frémissent. Dans toute la galaxie, je n’ai jamais vu d’humain avec un tel teint.
Je sors de ma stupeur et secoue mon bras :
« Libérez-moi ! Qui êtes-vous ? »
Elle me saisit par le col et sa proximité m’entoure d’un subtil parfum terreux. Le vertige passe quand elle me répond d’une voix grave et mélodieuse :
« Ne fais rien de stupide, Valik, nous sommes venus te chercher. »
Nous nous tournons tous les deux vers l’agitation dans le couloir. Deux de ses pairs luttent contre notre garde et le neutralisent sans effort.
« Alors que nous discutons, mes guerriers ont éliminé les chefs de vos dynasties et pris leurs héritiers en otage. Suis-moi paisiblement et personne d’autre ne sera blessé. »
« Non ! » crient Hank et Jay.
Que dois-je faire ? Je sais qu’il y avait des espèces préconscientes lorsque nos familles ont revendiqué les mines, mais elles ont été relogées à l’équateur où nous veillons sur elles dans des parcs. Je n’aurais jamais imaginé que des humanoïdes prospéraient sur cette planète avant notre arrivée. Comment puis-je protéger mon mode de vie corrompu quand une telle injustice a été perpétrée contre ce peuple ?
Reculant d’un pas, elle tend la main :
« Je suis Ska’a. On t’a menti depuis ta naissance. Si tu veux connaître la vérité, viens avec moi. »
Du coin de l’œil, je regarde ma famille blottie dans le coin. Ma tante et mon oncle secouent la tête pour m’influencer, mais je dois suivre ma conscience.
Je prends la main de Ska’a.
…
Ska’a me donne un coup de coude. Son rictus exhibe ses longues canines entre ses pulpeuses lèvres noires. Elle relève son épais sourcil gauche :
« Arrête de rêvasser, Terrien ! »
Je saisis les jumelles qu’elle me tend. L’armée impériale venue soutenir les dynasties minières se rassemble au-dessus de la crête. L’Alliance est toujours en train de débattre de notre situation puisque le système solaire d’Olgar365 se trouve dans la zone neutre. Comme l’empereur veut annexer Olgar, nous n’avons pas le temps d’attendre leur assistance.
Ska’a et son peuple ont assez souffert à cause du mien. Tant que je serai en vie, je ne laisserai pas un autre tyran les conquérir.
Bonne semaine!
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Bonne semaine!
Last week, I was thinking about Christmas and the festive fictions I will write before the end of the year. This week, the prelude to the jolly season is the premises of an SF story that is brewing in my mind: Thanksgiving.
Olgar 365: Thanksgiving
An unpublished scene by A.B. Alabee
The pounding and grinding stop. The ground’s tremor subsides then dies. The relentless howling of wind blowing over the navy desert continues behind the force field. Far above the mines in our residential tower, we wait for the tinkling of the bells to begin the celebrations. My aunt Jay, her partner Hank and their three teenage daughters discuss near the plasma bowl. Well – Hank talks and they listen. His back to me, my granddad surveys our mines beyond the vast bay window. Along the wide roads and deep trenches, the heavy equipment stands still, cranes bowed, all lights ablaze like a Christmas tree of old times on Earth.
As the chime echoes throughout the building, he turns his strong face towards us. His dark green eyes framed by thick lush white curls scan the room then lock on me. His frown relaxes; his lips draw a smile filled with nostalgia. This year, on my twenty-first birthday, I will become his apprentice. My family, one of the five founding dynasties, has mined this planet for the past two hundred years. Today, we give thanks to our ancestors for the bounty they discovered within the depth of this primitive world. Its richness in ores and rare metals assure the survival of Earth’s human race.
He raises his glass; we lift our chiselled crystal flutes towards him. The pink Belvoir champagne releases its bubbles in gentle pops as we wait for his annual speech of remembrance:
“Let’s give thanks to our forebears for the wealth they brought to our fami – ”
His last word dies in a gasp of blood as an arrow penetrate his chest and nails him to the window frame. The girls scream as Hank using them as a shield, pulls them to the other side of the plasmic fire. I leap towards Granddad; the pale shaft holds a scroll. Hands shaking, I manage to control my muscle spasms to unroll it and keep it intact. The red dots and lines neatly drawn in tight rows trigger the universal translator in my ocular implant:
“When the circles emerged in the sky, we welcomed the visitors from the stars. We showed them the way of our land, we shared our life. When they began to slaughter our people, we hid underground. They continued hunting us. We disappeared and they thought they had exterminated us. When we came out again, the invaders had destroyed our lush home. Your day of reckoning has arrived.”
Confused and numbed, I stare at the hooded woman threatening us with an arrow. Her long bow glimmers against her dark fitted suit. In smooth strides, she approaches me. I step away, my back against the window, but she grabs my wrist with her strong hand. As her soft pale skin touches mine, I shiver and the navy freckles on her fingers flicker. I’ve never seen any galactic humans with such complexion.
I snap out of my stupor and yank my arm:
“Let go! Who are you?”
She grasps my collar and her closeness surrounds me with a sweet earthy perfume. The dizziness passes when she replies in a deep and melodious voice:
“Don’t do anything foolish, Valik, we have come for you.”
We both turn to the commotion in the corridor. Two of her peers are wrestling our guard to the ground.
“As we speak, my warriors have eliminated the heads of your dynasties and taken the heirs. Follow peacefully and no one else will be hurt.”
“No!” shouts Hank and Jay.
I don’t know what to do. There were some prescient species when our ancestors claimed the mines, but they were relocated to the equator and we still care for them in the parks. I never imagined humanoids were thriving on this planet before we arrived. How can I protect my corrupt way of life when such an injustice has been perpetrated against this people?
Stepping back, she stretches her hand:
“I’m Ska’a. You have been lied to since you were born. If you want to learn the truth, come with me.”
I glance at my family huddling in the corner. My aunt and uncle shake their heads to influence me, but I must follow my conscience.
I take Ska’a’s hand.
…
Ska’a elbows me. Her grin exposes her long fangs between her luscious black lips. She raises her left bushy brow.
“Stop day dreaming, Earthling.”
I snatch the binoculars she’s holding. Over the ridge, the Imperial Army – the new ally of the Dynasties – is gathering. The Alliance is still debating the situation because Olgar365 is located inside the neutral zone. Since the Emperor plans to invade Olgar, we can’t wait for their assistance.
Ska’a and her people have suffered enough because of mine. As long as I live, I won’t let another tyrant conquer them.
Have a good week!
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