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Fatal Termination / Terminaison funeste

A flash fiction / Une micro fiction


fingers pointing at person
Image by Gerd Altmann from Pixabay

La semaine dernière, j’ai écrit une scène inédite au sujet de Gwen qui tentera d’élucider un massacre et d’éviter un conflit entre les extraterrestres et les humains dans L’effet Papillon. Cette semaine, lisez une microfiction sur l’Autorité de Surpeuplement et l’intimidation au travail.


Terminaison funeste

Une micro fiction par A.B. Alabee


Je me noyais. 

Je n’avais pas réalisé à quel point j’étais atone. Tout a commencé lorsque deux agents de l’Autorité de Surpeuplement ont frappé à ma porte pour me féliciter d’avoir été sélectionné pour une terminaison anticipée. Cela n’avait pas de sens ; j’avais une exemption. Je leur serrais la main et hochais la tête tandis qu’ils m’informaient que ma mort serait le 27 mai 2073. Je vivrais dix ans de plus au lieu des quarante années prévues par ma programmation génétique.


Au début, j’ai combattu l’inévitable ; j’ai essayé de plaider ma cause, mais ils n’ont pas pu expliquer pourquoi je me suis retrouvé sur la liste. Puis je me suis rendu compte que même s’ils changeaient d’avis, j’étais condamné dès que j’ai touché la main du plus grand officier, car, à ce moment, il avait transféré le virus synthétique. Désormais, il infecterait mes organes, l’un après l’autre, en attendant le bon moment pour créer un arrêt simultané et catastrophique de tous, à une seconde de minuit le 27 mai 2073. Ils m’ont assuré que je ne ressentirais rien, qu’ils me mettraient dans un coma induit la veille !


J’avais des plans, je voulais utiliser les nanotechnologies pour débarrasser la planète de la toxicité laissée par les générations précédentes, mais ce jour-là, mes priorités ont changé. Puisque c’était ma prérogative, j’ai insisté pour que personne ne soit informé de ma situation. Je suis retourné au bureau et j’ai continué comme d’habitude. Lorsqu’un projet biomédical a atterri sur ma table de travail, la proposition a renouvelé mon espoir… du moins, jusqu’au moment où cette horrible créature, un pur diable déguisé, entra dans la salle de réunion.


C’était un homme aux manières aimables, souriant rarement avec cet air de chagrin perpétuel et un comportement toujours apologétique. Il se portait volontaire pour tout, puis s’effondrait en se rendant compte qu’il avait mal calculé combien de temps il faudrait pour terminer la tâche. Il s’empressait alors de nous reprocher chaque retard, chaque revers.


Malgré ses efforts pernicieux, le projet a réussi puisque le reste de l’équipe a pris le relais et nous avons atteint tous les jalons. Ne vous méprenez pas, son travail était excellent, mais il ne cessait de s’apitoyer sur son sort. Puis, les accusations ont commencé.


J’ai essayé d’expliquer que les divergences d’opinions ne sont pas des signes de manque de respect, mais il a persisté. Mon moral se trouvait au point le plus bas. J’avais accepté mon destin et j’ai répondu à ses allégations en changeant mon comportement et en demandant à l’équipe de réduire leur enthousiasme lors de nos débats. Bien sûr, j’ai échoué. Il y avait toujours un sujet qui déclenchait la guerre. Avec le recul, je me rends compte qu’il était l’instigateur principal de toutes les débâcles. J’avais besoin de m’éloigner de lui, mais je voulais désespérément que ce projet fonctionne afin que je puisse être débarrassé du virus synthétique et aider des millions de personnes souffrant de maladies génétiques.


Sa présence m’opprimait. Aucune de mes suggestions, aucune de mes actions n’était assez bonne pour ce vertueux… saint. J’avais tenu pour acquis que mon état d’esprit altérait ma perception, car tout le monde le considérait comme un homme merveilleux. Pourtant, pendant des mois, il m’a écrasé sous son talon d’intolérance, il a fait de moi le méchant et je l’ai laissé détruire ma confiance en moi. J’essayais de l’éviter, mais c’est difficile quand on partage un espace de bureau. 


À la suite de notre succès initial, notre patron m’a demandé de diriger la prochaine phase de développement avec la même équipe. Alors que ma voix intérieure criait « non ! », j’ai accepté. J’étais maintenant habitué à son attitude passive-agressive quotidienne, j’ai donc poursuivi le projet puisque je ne souhaitais qu’une chose : faire fonctionner un prototype afin de le tester sur moi. Cependant, il avait d’autres plans et a lâché une bombe durant l’une des rencontres hebdomadaires avec notre patron. Il donnait sa démission parce que l’atmosphère était devenue trop toxique dans l’équipe. Il me regarda ; tous l’imitèrent.


Les yeux baissés, j’ignorais tout le monde qui le prenait en pitié et tentait de le convaincre de rester. Après beaucoup de mendicités et de promesses, il a accepté de terminer le projet. Quelque chose s’est brisé en moi, et le brouillard s’est dispersé pour la première fois depuis des mois. J’ai saisi ma tablette en arrachant mon laissez-passer de la poche de mon sarrau pour le jeter sur la table, puis je suis sorti. Personne ne m’a arrêté et cela ne m’a pas surpris, car il avait sali ma bonne réputation pendant des semaines. En quittant le bâtiment, un poids s’est levé de mes épaules. Le reste de ma vie m’attendait, loin de ce misérable homme, loin de la peur de dire un mauvais mot ou de mettre un pied de travers.


Quelques mois plus tard, j’ai appris qu’il avait réussi à contrarier tous les membres de l’équipe et qu’on lui avait demandé de partir. Peu après, mon ex-patron frappait à la porte de ma nouvelle maison isolée dans la forêt. J’ai décliné son offre de retourner au travail.


J’espère toujours vaincre le virus synthétique. J’ai tout dans le laboratoire de mon sous-sol. J’y suis presque, quelques expériences de plus et je vais tester le prototype sur moi. Je vous donne rendez-vous le 28 mai 2073.






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Bonne semaine!

 

Last week, I wrote an unpublished scene about Gwen who will be trying to solve a mass murder and to avoid a conflict between aliens and humans in The Butterfly Effect. This week, read a flash fiction about the Overcrowding Authority and bullying at work


Fatal Termination

A flash fiction by A.B. Alabee


I was drowning. 

I didn’t realize how numb I had become. It all started when two officers from the Overcrowding Authority knocked on my flat door to congratulate me for being selected for an early termination. It didn’t make sense; I had an exemption. I was shaking their hand and nodding as they informed me my new time of death would be May 27, 2073. I would live ten more years instead of the forty expected from my genetic programming.


At first, I fought the inevitable; tried to argue my case but they couldn’t explain why I ended up on the list. Then I realized that even if they changed their mind, I was condemned as soon as I touched the hand of the tallest officer as it had transferred the synthetic virus. Henceforth, it would infect my organs, one after the other, waiting for the right moment to create a simultaneous and catastrophic shut down of them all, at one second pass midnight on May 27, 2073. They assured me I wouldn’t feel a thing, they would put me in an induced coma the day before!


I had plans, I wanted to use nanotechnology to rid the planet of the toxicity left behind by previous generations, but on that day, my priorities shifted. As my prerogative, I insisted that no one were to be told. I returned to the office and continued as usual. When a biomedical project landed on my desk, I read the proposal with renewed hopes. That is, until that horrible creature, a pure devil in disguise, walked into the meeting room.


He was a kind-mannered man, rarely smiling with this air of perpetual sorrow and an ever-apologetic demeanour. He was volunteering to do everything, then crumbling as he realized, he had miscalculated how long it would take to complete the task. That’s when he began to blame the team for every delay, every setback.


Despite his efforts, the project succeeded, we picked up the slack and we hit all the milestones. Don’t get me wrong his work was excellent but his attitude degenerated into self-pity. Then he accused us of showing total lack of respect for him and each other.


I tried to explain that differences of opinions aren’t derogatory, but he persisted. I had reached my lowest point. I had finally accepted my fate and responded to the allegation by modifying my behaviour and asking the team to curb their enthusiasm during our debates. Of course, I failed. There was always a topic that would bring us to the brink of war. Looking back, I realize that he usually was the instigator of the whole debacle. I needed to get away from him, but I so desperately wanted this project to work so I can be rid of the virus and help millions of people suffering from genetic diseases.


His presence oppressed me. Nothing I suggested, nothing I did was good enough for this virtuous… saint. I assumed my state of mind screwed my perception as everyone thought of him as a wonderful man. Yet for months, he crushed me under his heel of intolerance, made me the villain and I let him take my self-confidence. I stayed as far away from him as possible but it’s hard when sharing an office space. 


Following our initial success our boss asked me to lead the next phase of development with the same team. Although my inner voice was screaming “no!”, I accepted. Used to his daily passive aggressive attitude, I pursued the project. If only I can get a prototype working, I could test it on me! However, he had other plans and dropped a bombshell during a weekly catch up with our boss. He was quitting because the atmosphere had become too toxic in the team. He glared at me; all followed.


Eyes downcast, I ignored everyone pitying him; trying to convince him to stay. After much begging and promises, he agreed to finish the project. Something snapped in me, and the fog lifted for the first time in months. I grabbed my tablet, simultaneously ripping my pass out of my lab coat pocket to throw it on the table, then walked out. No one stopped me. I didn’t expect them to do so as he has been smearing my good name for weeks. As I left the building, a weight lifted from my shoulders. The rests of my life awaited me, away from this wretched man, away from the fear of saying anything or putting a foot wrong.


A few months later, I learned he had managed to upset everyone in the team and was asked to leave. Within days, my ex-boss was knocking at the front door of my new secluded home in the forest. I declined his offer to return to work.


I’m still planning to beat the synthetic virus. I’ve got everything I need in my basement’s laboratory. I’m nearly there, a few more experiments and I will be testing the prototype on me. See you all on May 28, 2073.





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